Parlons de l’ocytocine…

« Hormone du mystère », « hormone de l’amour », « hormone du maternage », « hormone de la sociabilité »… Ces surnoms nous en disent long sur la diversité de ces champs d’action.

Qu’est-ce que l’ocytocine ?

C’est une molécule composée de 9 acides aminés. Selon sa localisation, elle agit comme une hormone ou un neurotransmetteur. C’est-à-dire qu’à l’intérieur du cerveau elle participe à la communication entre les neurones, et dans la circulation sanguine, elle agit comme une hormone. Grâce aux récepteurs à ocytocine sur les organes cible, elle entraîne des réactions physiologiques ou stimule la production d’autres hormones… Par exemple l’insuline.

D’OÙ VIENT L’OCYTOCINE ?

L’ocytocine est produite par l’hypothalamus, puis stockée dans la posthypophyse avant de pouvoir être libérée dans le sang. De nouvelles recherches ont montré qu’elle était aussi produite localement par d’autres organes, notamment par les ovaires, les testicules, le cœur ou la paroi des vaisseaux sanguins.

À QUOI SERT L’OCYTOCINE ?

C’est une vaste question à laquelle les scientifiques tâchent de répondre, mais ses implications sont très variées et une large partie reste certainement encore méconnue. La recherche sur les animaux (rats, vaches, brebis…) et sur les humains a tout de même mis en évidence des actions très diverses :

Comment l’ocytocine aide-t-elle les femmes lors de l’accouchement et l’allaitement ?

Le premier rôle identifié a été celui joué lors de l’accouchement : l’ocytocine entraîne la contraction de l’utérus. Ces contractions utérines permettent par la suite à l’utérus de reprendre sa taille initiale, les mères peuvent ressentir ces contractions pendant les tétées ou au moment de tirer leur lait. Rapidement les scientifiques se sont également aperçus que chez la femme allaitante, l’ocytocine permet le réflexe d’éjection indispensable à l’allaitement.

Comment l’ocytocine accroît-elle la sociabilité ?

L’injection d’ocytocine chez les rats les rend moins farouches et moins peureux. Ils sont moins agressifs et deviennent plus sociables. Ils recherchent plus le contact de leurs congénères. Les accouplements sont favorisés. Le contact avec les congénères et les accouplements libère à leur tour une sécrétion d’ocytocine.

Comment l’ocytocine favorise-t-elle le maternage ?

Les rates qui allaitent sont moins sensibles aux bruits et lumières environnantes, elles sont entièrement centrées sur leur progéniture. Les rates qui n’ont pas mis bas, mais ont subi des injections d’œstrogènes et d’ocytocine deviennent elles aussi moins craintives, construisent des nids et adoptent un comportement maternel même avec des petits qui ne sont pas les leurs ! On constate le même effet chez les brebis. Les brebis qui ont reçu un traitement qui annule les effets de l’ocytocine ne reconnaissent plus leurs agneaux, celles qui n’ont pas mis bas, mais reçu des injections d’ocytocine adoptent un comportement maternel.

Il semblerait que les pères qui s’occupent beaucoup de leurs bébés modifient également leur climat hormonal : les taux de testostérone baissent et les taux d’ocytocine et prolactine augmentent !

L’ocytocine comme hormone de l’attachement joue pour les deux parents !

Comment l'ocytocine peut-elle améliorer les capacités d'apprentissage en réduisant le stress ?

Si l’administration d’ocytocine est répétée et prolongée, elle semble avoir un effet calmant et apaisant. Les traitements répétés d’ocytocine entraînent une réduction de la production de cortisols (l’hormone du stress). L’ocytocine est en quelque sorte un anxiolytique naturel. Son action sur le stress semble avoir comme conséquence à long terme d’améliorer les capacités d’apprentissage.

En quoi l’ocytocine agit-elle comme un antalgique ?

Chez l’animal, il a été facile de démontrer un effet antalgique : le seuil de réaction à la douleur est plus élevé, autrement dit, la sensibilité à la douleur diminue. L’ocytocine stimule la sécrétion d’endorphines (l’équivalent de la morphine de notre corps), ce n’est donc pas le message douloureux qui est modifié, mais le ressenti de la douleur.

Les mères qui décrivent des douleurs plus importantes au début de tétées peuvent espérer avoir un peu moins mal après le réflexe d’éjection, c’est-à-dire une fois que l’hypophyse libère des pulses d’ocytocine dans la circulation sanguine.

Comment l'ocytocine agit-elle sur la thermorégulation ?

L’ocytocine par un effet de dilatation des vaisseaux sanguins impacte la thermorégulation. Ainsi, quand une mère allaite ou fait du peau à peau, on peut observer un afflux sanguin au niveau mammaire qui va aider son bébé à réguler sa température. On observe le même phénomène chez les rates qui allaitent avec un dégagement de chaleur sous leur ventre quand elles s’allongent pour allaiter leurs petits.

Comment l’ocytocine régule-t-elle l'appétit, la digestion et les fluides ?

L’ocytocine peut également influencer l’appétit, la digestion et le stockage des aliments. Les animaux qui ont reçu des injections d’ocytocines sur de longues périodes, particulièrement s’ils allaitent, ont plus d’appétit. Leur processus de digestion est plus efficace grâce à la libération d’autres hormones indispensables à la digestion : gastrine, cholécystokinine, somatostatine, insuline… Avec la vasopressine, l’ocytocine contribue à la régulation des fluides : elle diminue l’attirance pour le sel et réduit ainsi la rétention d’eau. Elle favorise l’élimination en augmentant le volume des urines.

Comment l’ocytocine stimule-t-elle la croissance, la cicatrisation, la reproduction et la fécondité ?

L’ocytocine stimule également la croissance et la cicatrisation tout en diminuant l’inflammation. Elle agit directement sur la stimulation de l’hormone de croissance.

L’ocytocine est également impliquée dans les fonctions reproductives : chez les femelles, elle permet la formation, la maturation et la libération des ovules et chez les mâles elle stimule la production de spermatozoïdes. Elle augmente donc la fécondité et permet même d’accélérer la division cellulaire au sein de l’ovule fécondé. La croissance du fœtus est accélérée.

QUELS SONT LES EFFETS DE L’OCYTOCINE SUR L’ALLAITEMENT ?

Comment l’ocytocine stimule-t- elle la lactation ?

L’ocytocine agit à de multiples niveaux chez l’homme, la femme et l’enfant, mais son action est fondamentale et indispensable dans le processus d’allaitement.

Il est intéressant de savoir qu’elle stimule également la production de prolactine. La prolactine qui va stimuler la sécrétion de lait par les glandes mammaires.

L’ocytocine stimule la production d’insuline, hormone qui stimule également la production de lait.

Par ailleurs, l’insuline permet une meilleure absorption des nutriments et via le glucagon (autre hormone dont la production est stimulée par l’ocytocine). Elle permet la libération des nutriments de leurs lieux de stockage ailleurs dans le corps.

Comment l’ocytocine augmente-t-elle l’appétit chez la femme allaitante ?

La mère qui allaite mange naturellement plus qu’avant leur allaitement. Elle a besoin de trouver dans son alimentation et dans ses propres réserves tous les nutriments nécessaires à la production de lait, l’ocytocine est un merveilleux allié pour cela : elle rend le métabolisme plus performant pour répondre à cette demande nouvelle.

Cette influence sur l’appétit, le stockage et le relargage des nutriments est assez aléatoire en fonction de chaque femme, mais aussi selon l’équilibre métabolique. Certaines auront tendance à perdre du poids en allaitant quand d’autres en prendront !

Comment l’ocytocine peut-elle favoriser la détente et la production de lait chez les mères ?

Bien que certaines mères dans un contexte psychologique difficile puissent se sentir en difficultés pendant leur allaitement, d’une façon générale, l’allaitement, via ces pics d’ocytocines répétés diminue l’activité du système nerveux orthosympathique et des glandes surrénales sécrétrices de cortisol. Par conséquent, les mères se sentent sereines, tranquilles et détendues pendant l’allaitement, leur tension artérielle diminue. Le nombre de pulsations d’ocytocines pendant la tétée va influencer la quantité de lait, mais également l’état de détente de la mère. Les « pics » d’ocytocines sont associés à une facilité de communication et plus les mères ont de pics d’ocytocines plus elles ont de lait et plus elles allaitent longtemps.

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