La grossesse, l’accouchement et la dépression post partum

 La grossesse et l’accouchement sont des moments clefs dans la vie d’une femme. En France, ces temps sont particulièrement accompagnés sur le plan médical et social. Cependant,  le « temps d’après » l’accouchement, appelé « post partum »,  est souvent moins accompagné.  Les femmes y sont rarement préparées. Les femmes s’expriment de plus en plus sur internet. Les récents hashtags #ThisIsPostpartum #MonPostPartum ont eu le mérite de mettre en lumière cette période sensible et très particulière. Elles mettent en avant  des souffrances vécues dans la solitude qui peuvent même aller jusqu’à la dépression.  Elles racontent leur vécu en dénonçant la pression sociale voire le tabou du « post partum ».

Le post accouchement, un véritable chantier !

La grossesse est un processus qui dure 9 mois. Comment imaginer que tout redevienne « comme avant » en seulement quelques jours ?

L ’utérus aura mis 9 mois pour multiplier son poids par 20 et sa taille par 40 ! Les ligaments qui soutiennent l’utérus sont également contraints de grandir. Ils doivent supporter le poids du bébé, du liquide amniotique et du placenta. Après l’accouchement, il faudra environ 2 mois pour que sa taille redevienne normale et les ligaments distendus auront du mal à soutenir son poids… Fortement sollicités, les abdominaux et la peau distendue laisseront donc chez de nombreuses femmes un ventre différent d’avant.

Le système cardio-respiratoire, très sollicité pendant la grossesse met 4 à 6 semaines à revenir à la normale. Il est donc naturel de ressentir une sensation de fatigue.

Des varices et des hémorroïdes sont fréquents en fin de grossesse. Ils peuvent perdurer plusieurs mois, voire ne jamais se résorber.

L’hyperlaxité ligamentaire, nécessaire au passage du bébé par le bassin pendant l'accouchement, peut perdurer plusieurs mois. Elle peut occasionner des douleurs chez les nouvelles mères. Par ailleurs, les conditions d’accouchement peuvent laisser des séquelles douloureuses pendant des semaines : épisiotomies, utilisation d’instruments (spatules, forceps), coccyx déplacé voir fracturé, distension pelvienne, cicatrice de césarienne…

La grossesse est un bouleversement sur le plan hormonal… et le post partum également. Selon que la mère allaite ou pas, le terrain hormonal peut mettre plusieurs mois à revenir à la normale. Cela entraîne des modifications sur le plan physique mais aussi sur le plan émotionnel.

Qu’est-ce que la dépression post-partum?

La dépression post-partum, également connue sous le nom de dépression postnatale, est une forme de dépression qui survient chez certaines femmes après la naissance d'un enfant. Il est important de reconnaître et de traiter la dépression post-partum, car cela peut avoir un impact significatif sur le bien-être de la mère ainsi que sur la relation avec son enfant. Les options de traitement comprennent la psychothérapie, telle que la thérapie cognitivo-comportementale, et dans certains cas, l'utilisation de médicaments antidépresseurs, sous la supervision d'un professionnel de la santé.

Les symptômes

Le syndrome post-partum peut présenter une variété de symptômes qui affectent le bien-être émotionnel et physique d'une femme après la naissance de son enfant. Voici certains des symptômes courants associés à la dépression post-partum : sentiments de tristesse persistante, de déprime ou de désespoir, anxiété excessive, perte de joie de vivre, fatigue intense, troubles du sommeil, changements de l’appétit, difficultés de concentration, de mémoire, divergence de sentiments : culpabilité, inutilité, retrait social, idées de mort ou de suicide.

Il est important de noter que chaque femme peut présenter des symptômes différents et leur intensité peut varier. Certains symptômes peuvent apparaître immédiatement après l'accouchement, tandis que d'autres peuvent se développer progressivement dans les semaines ou les mois qui suivent.

Les causes

Les causes ne sont pas exactes mais généralement, c’est dû à la chute des niveaux d'hormones, tels que les œstrogènes et la progestérone, suite à l’expulsion du placenta. Ces hormones peuvent avoir un impact sur l’humeur, il y a aussi des facteurs psychologiques : les nouvelles responsabilités liées à la maternité, les changements dans la dynamique familiale, les ajustements de mode de vie et les préoccupations concernant le bien-être du bébé peuvent tous exercer une pression , les facteurs sociaux et environnementaux : les événements stressants, la manque de soutien émotionnel, les facteurs biologiques et génétiques : des études suggèrent qu'il peut exister une prédisposition génétique à la dépression post-partum. Certaines femmes peuvent avoir une sensibilité biologique accrue aux changements hormonaux et aux stress post-partum, ce qui les rend plus susceptibles de développer la dépression.

Il est important de noter que la dépression post-partum n'est pas la faute de la mère et qu'elle ne résulte pas d'un manque de volonté ou de capacités maternelles. C'est une condition médicale qui peut être traitée avec l'aide appropriée et le soutien nécessaire.

Quels sont les conséquences de la dépression après l’accouchement ?

Il est essentiel de reconnaître et de traiter la dépression post-partum dès que possible pour minimiser les conséquences négatives. Elle peut avoir de nombreuses conséquences négatives pour la mère, le bébé et la famille dans son ensemble. Voici quelques conséquences courantes de la dépression post-partum : sur le bien-être maternel.

Conséquences psychologiques

La dépression post-partum peut entraîner une détresse émotionnelle et physique importante pour la mère. Elle peut se sentir triste, anxieuse, épuisée et avoir du mal à profiter de l'expérience de la maternité. Cela peut affecter sa capacité à s'occuper d'elle-même et de son bébé, entraînant une baisse de l'estime de soi et un sentiment d'incompétence. 

Difficultés dans la relation mère-bébé : La dépression post-partum peut perturber le lien d'attachement entre la mère et son bébé. La mère peut avoir du mal à se connecter émotionnellement avec son enfant, à répondre à ses besoins et à s'engager dans des interactions positives. Cela peut avoir un impact sur le développement émotionnel et social du bébé. 

Risques pour le développement de l'enfant : Les bébés dont les mères souffrent de dépression post-partum peuvent être exposés à un environnement moins stimulant, avec moins d'interactions positives et de réactivité maternelle. Cela peut influencer leur développement cognitif, émotionnel et social, et augmenter le risque de problèmes de comportement et de santé mentale à long terme. 

Impact sur la dynamique familiale : La dépression post-partum peut créer une tension au sein du couple et de la famille. Les partenaires peuvent se sentir désemparés ou frustrés face à la situation, et les frères et sœurs peuvent ressentir une perturbation de la routine familiale. Cela peut entraîner des conflits familiaux et une diminution de la qualité de vie globale. 

Risques pour la santé maternelle à long terme : La dépression post-partum non traitée peut augmenter le risque de développer une dépression chronique à long terme. Elle peut également être associée à un risque accru de troubles de l'humeur ultérieurs, tels que la dépression récurrente ou les troubles bipolaires.

Le corps pendant la période post partum

Le corps pendant la période post-partum subit de nombreux changements à mesure qu'il se rétablit de la grossesse et de l'accouchement. Après l'accouchement, l'utérus commence à se contracter pour retrouver sa taille normale. Vous pouvez ressentir des crampes utérines. Les lochies font référence aux pertes vaginales qui se produisent après l'accouchement. Il s'agit d'un mélange de sang, de mucus et de tissus provenant de la guérison de la paroi utérine. Au début, les lochies sont généralement abondantes et rouges, puis elles deviennent plus légères et de couleur rosée à jaune au fil du temps. Vous pouvez également avoir des saignements vaginaux post-partum, similaires aux règles abondantes, qui durent généralement pendant plusieurs semaines. Il est important d'utiliser des protections hygiéniques appropriées pour gérer ces saignements. Pendant le post-partum, vos seins subissent des changements en préparation de l'allaitement maternel. Ils peuvent devenir gonflés, sensibles et douloureux. Vous pouvez également remarquer une augmentation de la production de lait. Après l'accouchement, il est normal de perdre du poids, notamment le poids du bébé, du placenta et du liquide amniotique. Cependant, il est important de comprendre que la perte de poids post-partum varie d'une femme à l'autre et peut prendre du temps. 

Comment traiter La dépression post partum ?

En cas de dépression post partum, il est important de demander de l’aide médicale, à un psychiatre ou un psychologue, pour discuter des options de traitement appropriées à votre situation spécifique. Chaque femme est unique, et un plan de traitement individualisé peut être élaboré en fonction de vos besoins et de la gravité de la dépression post-partum. . 

Plusieurs traitements peuvent être recommandés pour aider à soulager les symptômes et favoriser le rétablissement. 

  • La psychothérapie : la thérapie individuelle, telle que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et la thérapie de soutien . 
  • La prise de médicaments antidépresseurs prescrits par le médecin. 
  • Le soutien social est aussi très important, de la famille, des amis, de l'aide pratique dans les tâches quotidiennes, du partage des responsabilités parentales ou de la participation à des groupes de soutien pour les femmes ayant vécu une expérience similaire. Le repos est indispensable pour la maman. Cela peut inclure la recherche d'aide pour s'occuper du bébé, l'établissement d'une routine de sommeil régulière, l'adoption d'une alimentation saine, l'engagement dans des activités relaxantes et le maintien d'une activité physique modérée. 
  • Certaines femmes trouvent du soulagement avec des interventions complémentaires telles que la méditation, le yoga, l'acupuncture, la thérapie par la lumière ou d'autres thérapies alternatives.

Comment prendre soin de  la maman pendant la grossesse pour éviter le syndrome post partum ?

Il existe certaines mesures que vous pouvez prendre pendant la grossesse pour favoriser votre bien-être émotionnel et réduire les risques de développer une dépression post-partum. 

Informez-vous : 

Renseignez-vous sur la grossesse, l'accouchement et la période postnatale. Plus vous êtes informée, mieux vous pourrez anticiper et comprendre les changements qui se produisent dans votre corps et dans votre vie. 

Entourez-vous de soutien : construisez un réseau de soutien solide comprenant votre partenaire, votre famille, vos amis et d'autres femmes enceintes ou mères. 

Parlez de vos préoccupations, partagez vos émotions et cherchez du soutien lorsque vous en avez besoin. 

Prenez soin de vous : accordez-vous du temps pour prendre soin de vous. Faites de l'exercice régulièrement, adoptez une alimentation équilibrée, pratiquez des techniques de relaxation comme la méditation ou le yoga, et assurez-vous de bien dormir. 

Évitez le surmenage : évitez de vous surcharger de responsabilités et apprenez à déléguer lorsque cela est possible. Donnez-vous la permission de vous reposer et de vous détendre. 

Communiquez : entretenez une communication ouverte et honnête avec votre partenaire. Partagez vos sentiments, vos préoccupations et vos attentes concernant la grossesse, l'accouchement et l'après-accouchement. 

Préparez-vous à l'allaitement maternel : Si vous envisagez d'allaiter, renseignez-vous sur les aspects pratiques et les bénéfices de l'allaitement maternel. Consultez un professionnel de la santé ou une consultante en lactation pour obtenir des conseils et un soutien supplémentaires. 

Cherchez de l'aide en cas de besoin : Si vous ressentez des symptômes de dépression ou si vous avez des inquiétudes quant à votre santé mentale pendant la grossesse ou après l'accouchement, parlez-en à votre professionnel de la santé. Il existe des ressources et des traitements disponibles pour vous soutenir.

 Redevenir la « femme d’avant » le plus vite possible, le défi impossible 

La société, et même certains courants féministes ont tendance à valoriser les mères capables de concilier leur vie de mère et de femme… Autrement dit de travailler, d’être séduisante, d’avoir une vie sociale hors famille le plus rapidement possible après l’arrivée de bébé. Il s’agit de redevenir la « femme d’avant » dès la sortie de la maternité. Or après 9 mois de grossesse et un accouchement, les bouleversements physiques et psychiques sont énormes. Et les femmes ont besoin de temps pour traverser cette période physiologique et émotionnelle bien particulière. 

Prenez soin de vous : accordez-vous du temps pour vous-même et prenez soin de votre bien-être physique et émotionnel. Assurez-vous de bien manger, prenez également le temps de vous détendre et de faire des activités qui vous plaisent. 

Soyez patiente avec vous-même : La récupération post-partum peut prendre du temps. Ne vous mettez pas la pression pour retrouver votre corps d'avant ou pour reprendre immédiatement vos activités habituelles. Donnez-vous le temps nécessaire pour guérir et ajustez vos attentes en fonction de votre nouvelle réalité de vie avec un bébé. 

Restez connectée avec vos proches : Maintenir des relations sociales et un soutien émotionnel est essentiel pendant cette période. Entourez-vous de proches qui vous soutiennent et comprennent ce que vous traversez. Partagez vos sentiments, vos préoccupations et vos joies avec eux. Les proches, les amis et les membres de la famille peuvent être là pour vous soutenir dans les tâches quotidiennes, la garde du bébé ou simplement pour vous donner un peu de répit.

Du baby-blues à la dépression post partum

Le baby-blues et le post-partum sont deux termes qui décrivent des états émotionnels différents que les femmes peuvent vivre après l'accouchement. 

Pour toutes ces raisons, de nombreuses mères se sentent fragilisées. L’énorme changement hormonal après l’accouchement favorise un climat émotionnel très sensible communément appelé « baby-blues ». Il dure une dizaine de jours maximum. Ce terme presque « mignon » cache pourtant parfois une réalité plus difficile et le début d’une dépression post-partum .

Aussi, si vous ressentez une grande tristesse sans véritable raisons, une sensation d’épuisement, des troubles du sommeil, des difficultés à supporter votre bébé et ses pleurs ; le sentiment d’être une mauvaise mère ; si vous vous sentez anxieuse ; si vous n’appréciez plus vos activités habituelles ; que votre appétit change ; que vous vous trouvez en difficulté pour vous occuper de votre bébé… il est important de consulter pour être aidée et ne pas rester seule dans la dépression.  Il est possible de retrouver du plaisir dans la relation avec votre bébé et dans votre vie de femme et de mère.